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CHU : Aux Urgences, pas de vacances !
vendredi 5 juillet 2019, par
Ce mardi 2 juillet 2019, près de 3 000 personnes dans les rues de Paris ont manifesté de Bercy vers le Ministère des Solidarités et de la Santé. Pour l’essentiel, ces manifestantes et manifestants, venus des Services d’Accueil des Urgences (SAU) de toute la France, représentaient l’ensemble des collectifs régionaux « inter-urgences ». En grève depuis plus de 3 mois, ils sont venus une nouvelle fois pour revendiquer une revalorisation salariale, des embauches et des lits d’aval.
Les annonces de la Ministre de la santé au 14 juin 2019, n’ont pas trouvé échos chez les personnels hospitaliers. Le mouvement s’amplifie et, à ce jour, plus de 150 SAU sont en grève illimitée et continuent de revendiquer l’arrêt des fermetures de lit, la création de 10 000 postes d’agents titulaires et une revalorisation de 300 € net par mois.
SUD Santé Sociaux rappelle les assignations quasi-systématiques du personnel en cas de grève et se félicite, dans ce contexte difficile, d’une mobilisation conséquente à Paris comme en région. La ministre devrait prendre, plus au sérieux, ce mouvement qui s’amplifie sur l’ensemble du territoire français.
De retour de la manifestation nationale des urgences de Paris, les représentants du personnel SUD du CHU de Rennes, accompagnés d’une délégation du personnel des urgences, ont interpellé la Directrice Générale à l’occasion de la « célébration » par la Directrice Générale du CHU de Rennes, du départ en retraite du Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé de Bretagne.
Après les traditionnelles salutations et remerciements exprimés en cette circonstance, nous sommes intervenus pour rappeler à l’ARS et à la Direction nos revendications quant au versement de la prime IFR applicable au 1ER juillet, à la fermeture des 20 lits de l’UMP en pleine période estivale et l’attente d’un rendez-vous avec la Direction dans les plus brefs délais afin d’établir un plan d’améliorations des urgences.
La Directrice Générale encore une fois s’est obstinée à nier les difficultés du SAU et se contente de dire que les problèmes sont les mêmes dans tous les services d’accueil des urgences de France.
Elle a aussi prétendu à nouveau qu’il y avait 35 lits de créés alors que nous calculons une perte réelle de 19 lits pour la période estivale.
Par ailleurs, nous avons procédé à la lecture du courrier écrit par une patiente et envoyé à la Direction Générale suite à son passage début juillet aux urgences du CHU de Rennes, En voici, l’intégralité.
Nous remercions son auteur de nous l’avoir transmis et autorisé sa large diffusion.
Rennes le 01/07/2019 Madame, Le week-end dernier j’ai été conduite par le SAMU aux urgences générales de votre hôpital. Le diagnostic posé en fin d’hospitalisation est une péricardite aigue. Je souhaite par ce courrier, vous faire part de mon expérience de plus de 24 h dans ce service. Mais en avant-propos, je précise que j’ai été sage-femme pendant 15 ans, que je suis aujourd’hui psychologue en libéral, après un exercice de 3 ans en unité mobile de soins palliatifs à domicile. C’est donc au-delà de mon appréhension personnelle et singulière, mais aussi à partir de cette double compétence, que je vous soumets cette observation. J’arrive donc aux urgences avec une douleur écrasante au niveau de la poitrine et qui m’a empêchée de dormir. Je m’économise, je cherche ma respiration, douloureuse… je m’inquiète… et j’attends…J’attends les examens, biologiques, radiologiques. J’attends le médecin, l’infirmière, le brancardier. J’attends comme tous les autres patients… sur un brancard, dans un couloir, les box sont occupés, parmi d’autres patients, eux aussi sur leurs brancards. Ballet de chaises musicales incessant de ces brancards, qu’on déplace, qu’on range, qu’on sort ou remet dans un box le temps d’un examen clinique, d’un ECG ou pour présenter un bassin… Les soignants courent, littéralement parfois, pour répondre aux appels, pour prodiguer leurs soins. Ils sont débordés… 24 heures à les voir auprès des patients, souvent impatients, parfois colériques ou agressifs, voire violents. A mon arrivée, un infirmier vient de se faire frapper par un homme alcoolisé, que je trouve sanglé sur son brancard.
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Après lecture de ce témoignage bouleversant, la Directrice Générale a cru bon d’en rajouter, comme à son habitude, et de déclarer : « Je reçois beaucoup de courrier comme celui-ci… malheureusement ! ». Dont acte, sans commentaires.
Nous avons également rappelé que dans nos différents métiers nous ne produisons pas de soins, mais nous prodiguons des soins.
Nous avons ensuite quitté les lieux vers 20h00, laissant les convives continuer leur soirée au milieu des petits fours et du champagne, devenu sans doute un peu tiède après notre passage.