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Moderniser le dialogue social....

lundi 25 février 2013, par Sud Santé Sociaux 35

Dans le cadre du pacte de confiance et de la volonté de la ministre de la Santé d’initier une réflexion sur l’importance du dialogue social rénové à l’hôpital, l’Université de Rennes 1 a organisé le 19 février une table ronde sur le sujet.

Il y avait du beau linge à la tribune : Une IGAS, ancienne IDE, ancienne coordinatrice des Soins à l’APHP, un chirurgien rennais ancien président de la CME du CHU (pour qui les patients ont des droits « mais pas assez de devoirs »), la DRH du groupe Hospitalier St Joseph (CC 51), le directeur de la (très grosse) clinique privée de St Grégoire et le directeur du Groupe Hospitalier St Joseph.

La rénovation du dialogue social ne passera pas par les élus du personnel....

Tout ce beau monde est tombé d’accord pour considérer que les représentants syndicaux étaient hors course (voire « Has been »...) pour améliorer le dialogue social. L’un a considéré qu’il suffisait de leur offrir une promotion pour être tranquille plusieurs mois, l’autre qu’il fallait que les directions les forment au dialogue social (Sic !).

Le grand chirurgien rennais, de son côté, louait le modèle social de Citroën à la Janais, et ses syndicats d’une grande intelligence : « pas une grève en 30 ans » ! se réjouit-il... il est certain qu’il est plus facile de dialoguer avec des syndicats que vous avez vous même mis en place pour être d’accord avec vous... mais passons.

La rénovation du dialogue social passera par les cadres « intermédiaires », les seuls à pouvoir entendre les équipes mais surtout les seuls à pouvoir expliquer la nécessité du changement.
De quel changement s’agit-il ? Une nécessaire augmentation de la productivité, de l’efficience, dans un cadre budgétaire contraint tout en mettant en avant l’amélioration de la qualité des soins.... discours convenu ? Pas vraiment, puisqu’il ne s’agit pas de mieux soigner pour le bien du patient, non, mais plutôt, rappelle la DRH de Saint-Joseph, « pour que les patients viennent chez nous »... concurrence commerciale féroce oblige !

Notre grand chirurgien, de son côté, nous parle du dialogue social dans son pôle, au CHU : il a mis en place une salle de repos au bloc opératoire, depuis, tout le monde se parle. Peu importe par ailleurs que les infirmiers spécialisés des blocs opératoires du CHU soient en grève depuis mai 2012 contre le passage à une amplitude de travail quotidienne de 10 heures (! ) sans autre réponse que le silence et le mépris de la hiérarchie... Le pire aveule est celui qui ne veut pas voir !

Un spectateur interpelle les intervenants sur la crise aux urgences du CHU de Rennes, qui se caractérise par l’absence totale de dialogue social... L’infirmière de l’IGAS prend la balle au bond :

« rassurez vous, ce n’est pas le seul service d’urgences qui ne marche pas ! (...) mais d’ailleurs, on doit se demander si la solution consiste à mettre des paires de pieds supplémentaires dans des couloirs où l’on n’a déjà pas la place de passer... tout ce que l’on va faire, c’est marcher dessus ».

Les soignants des Urgences de Pontchaillou, qui sont en grande souffrance actuellement, apprécieront la finesse de l’analyse...

Vive la crise !

Un certain nombre d’intervenants ont souligné tout l’intérêt de la crise des financements des structures hospitalières. La situation la plus favorable étant l’établissement en déficit : « C’est un chance » ! Cela permet de bouleverser les organisations actuelles sans rencontrer trop de résistance. Il faut bien comprendre que si les acteurs de soins rechignent au changement, c’est d’abord à cause d’une résistance naturelle au changement mais aussi et surtout parce que les enjeux ne sont pas compris. C’est donc aux directions et à l’encadrement de faire de la pédagogie.

D’ailleurs, constate jovialement le directeur du Groupe St Joseph,
« le problème de l’hôpital public, c’est qu’il ne veut pas mourir ! ».

Bref, un dialogue social rénové, c’est pouvoir instituer une cohésion de tous les acteurs des hôpitaux (en laissant sur le côté les syndicats has been) pour avancer ensemble vers la modernité et promouvoir une production de soins efficiente qui tienne compte du cadre budgétaire contraint et de la nécessité de produire des soins de qualité.... Un appel à être solidaires des décisions ministérielles ou de nos patrons. Le meilleur des mondes en somme...

Le pacte social est mal parti

Si c’est avec ce type d’idéologie que le ministère compte renouer le lien avec les organisations syndicales ou les salariés, il va à l’échec.

Car deux types de de vision du service public hospitalier s’affrontent :

Les tenants d ’une idéologie libérale qui considèrent le secteur comme un marché concurrentiel.

Ceux qui pensent que le secteur de la santé ne doit pas être une marchandise et qu’il faut tout mettre en œuvre pour préserver un accès à des soins de qualité pour tous sans distinction de revenus ou de condition sociale.