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Plan Hôpital 2010 : Hold Up du privé sur l’argent public

mercredi 17 février 2010, par Sud Santé Sociaux 35

Ça y est, les chiffres viennent de tomber. Le plan Hôpital 2012 de ce gouvernement, censé aider le système de santé français à se « moderniser », vient de dévoiler ses derniers secrets. Le cœur de ce projet est un soutien financier massif à l’investissement immobilier ainsi qu’au développement des systèmes d’information dans les établissements, qui permettent un enregistrement plus pointu de l’activité dans le cadre de la T2A.

Alors, est-ce là enfin l’investissement massif de l’Etat dans l’hospitalisation publique qu’une société moderne est en droit de réclamer ? Ne nous réjouissons pas trop vite !

Soyons d’abord honnêtes : 80% des 2,201 milliards d’€ investis sont destinés à des établissements publics, CHU ou hôpitaux locaux.

Mais 358 millions, soit un peu plus de 16% du montant total des aides, sont versés à des établissements privés pour financer là aussi une partie de leur programme immobilier. . Les grands groupes privés côtés en bourse, comme la Générale de Santé et Cappio, se taillent la part du lion, avec respectivement 8,432 millions et 7,642 millions d’€. A titre indicatif, ces sommes représentent chacune à peu près le « déficit » annuel du CHU de Rennes.

C’est là le premier scandale. Ces sociétés, multinationales de la santé, ont pour unique but de dégager de la rentabilité pour verser un maximum de dividendes à leurs actionnaires. Et nous parlons là de taux à 15-20% de rendement, soit le gros profit à marche forcée ! Et plutôt que de tirer sur les dividendes pour financer leur développement, ces gros groupes refusent de modérer leur appétit et siphonnent l’argent public pour l’unique avantage de leurs actionnaires, pour se développer encore plus dans une stratégie de concurrence déloyale avec les établissements publics.

Deuxième scandale : les aides à l’investissement pour les hôpitaux publics sont conditionnées en sous-main par des grosses coupes budgétaires sur le personnel, qui en pâtit quotidiennement par la dégradation de ses conditions de travail et la mise en insécurité des patients. On est en droit de se demander alors quel est l’intérêt d’acheter des bâtiments flambants neufs si l’on n’a plus le personnel en nombre suffisant pour les faire tourner !

Derrière l’apparence d’un investissement massif des pouvoirs publics se cache donc rien moins qu’un grand vide en matière de projet hospitalier, puisqu’il y manque rien moins que ce qui fait le cœur de notre activité : la prise en compte des patients et des soignants.