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SUD aux Voeux de la Direction du Centre Hospitalier Guillaume Régnier de Rennes : NON A L’AUSTERITE
mardi 28 janvier 2014, par
TEXTE LU PAR LE SYNDICAT SUD LE 27 JANVIER AUX VOEUX DU DIRECTEUR
Après les vœux vénéneux de la direction et l’annonce de mesures d’économies sans précédent, il nous semble qu’il faut mettre en lumière et en perspective ce qui constitue la plus grande attaque jamais réalisée par un directeur du CHGR à l’encontre des salariés de cet établissement. Le directeur a décidé de s’attaquer de front à 5 axes majeurs d’acquis sociaux qui résultaient des compromis conclus, ces trente dernières années, entre les syndicats et les directions précédentes.
- L’accord ARTT conclu il y a plus de 10 ans : Ces dispositions visaient à partager le travail, réduire la pénibilité, et lutter contre le chômage par la création d’emploi. C’était donc un progrès social, une vision progressiste de l’organisation du travail qui préfère le partage du travail au chômage. On peut seulement regretter que l’augmentation des salaires n’ait pas suivi et que les embauches n’aient pas été à la hauteur nécessaire.
Vous proposez une régression : Vous voudriez nous faire croire qu’il ne s’agit, en l’occasion, que de modifier l’organisation de travail : il faudrait faire travailler les équipes de jour quelques minutes de moins par jour en instituant les transmissions ciblées ou faire passer les équipes de nuit de 9h30 à 10h ; un simple ajustement technique que vous nous laissez le soin de négocier. Mais il ne s’agit pas de cela : nous devrions certes, travailler quelques minutes de moins par jour, mais travailler plus de jours dans l’année et avec une cinquantaine d’agents en moins pour faire le même travail. Car l’intérêt, de .l’histoire, c’est de pouvoir faire des économies en supprimant des emplois. Dans le cas présent c’est 50 emplois qui passent à la trappe au cas où vous supprimeriez 5 RTT. Vous rétablissez la pénibilité et vous accroissez le chômage. C’est un plan de licenciement déguisé
- La durée intermédiaire des échelons. Il avait été conclu par un accord, destiné à augmenter le pouvoir d’achat des agents et augmenter l’attractivité du travail en psychiatrie, que les augmentations de salaires se ferait plus rapidement que ne le prévoyait les textes. Cette disposition favorable avait été négociée avec vos prédécesseurs comme dans la quasi-totalité des établissements de France
Vous proposez une régression : Votre volonté d’allonger cette durée intermédiaire ne serait, selon votre expression qu’il faut bien qualifier d’hypocrite, qu’un ralentissement de la progression des salaires. Il s’agit en réalité d’une baisse durable et sur le long terme du pouvoir d’achat et des salaires : pour exemple : si en 10 ans un agent devait percevoir 100 000 € et qu’au bout du compte il ne percevra que 90 000 € pendant ces 10 ans, vous appelez ça un ralentissement. Nous nous appelons cela une baisse de salaire. Selon les catégories de personnels c’est entre 4000 et 16 000 euros sur une carrière que vous vous proposer de ponctionner chez les salariés. Il est sidérant que, lors de notre rencontre le 14 Janvier, vous ayez réfuté le fait que les fonctionnaires aient déjà perdu 15% de pouvoir d’achat depuis 2000.
- Réévaluer le système de notation : La note sert de critère pour la répartition de la prime de service qui représente un peu moins d’un treizième mois. L’histoire des relations sociales de cet établissement a abouti au système actuel qui permet une redistribution plus égalitaire, même si cette prime est liée au montant du salaire et par conséquent plus le salaire est élevé plus la prime est importante. (Nous serions pour notre part favorable à une répartition égalitaire entre tous les personnels de l’établissement). L’avantage de cette notation à 21 pour les salariés de plus de 3 ans d’ancienneté et à qui on n’a pas de reproche à faire sur leur travail, c’est de couper court à la concurrence entre salariés qui n’ont pas à dénigrer leur voisin pour espérer être mieux noté.
Vous proposer une régression : Changer le système de notation n’est pas censé vous permettre de faire des économies sur le montant de la prime qui reste fixée à 7.84% de la masse salariale quelque soit la répartition. Par contre cela aura un effet sur la progression des salaires d’un grand nombre de salariés puisque la rapidité de passage d’un échelon à un autre est fonction en partie de la note. Il s’agit donc aussi pour vous de faire des économies en freinant la progression des salaires. C’est aussi un parti pris idéologique. Cette note égale pour presque tous est particulièrement insupportable pour la DRH : elle part du principe que tous les agents n’ont pas la même valeur, que tous ne mettent pas le même cœur à l’ouvrage et qu’il faut bien différencier le mérite et récompenser les plus méritants. Bien sûr c’est la direction qui en dernier ressort sélectionne ces derniers. A l’occasion de l’organisation de concours récents nous avons eu un aperçu éclairant de la manière de considérer les mérites. Les critères retenus tenaient quasi exclusivement de la subjectivité de la DRH et des autres membres du jury.
La note égale pour tous évite cet arbitraire.
- Evolution des moyens de remplacement. Le remplacement des absences de toute nature dans les fonctions publiques est prévu par l’embauche de contractuels à durée déterminée.
Vous proposez une régression. La direction se targue en permanence de pourvoir systématiquement aux remplacements en oubliant toujours de dire qu’il s’agit d’un remplacement un pour un seulement après un mois d’arrêt. C’est probablement encore trop pour cette direction. Vous voulez sans doute passer à la vitesse supérieure en ne remplaçant pas tous les départs. La GPMC est à ce titre un instrument privilégié pour la DRH, non pas seulement pour adapter les qualifications aux postes comme on nous le sérine sans cesse, mais bien pour prévoir quels postes pourront être supprimés. A cet égard les personnels administratifs, logistiques et techniques sont particulièrement dans votre collimateur. Vous nous avez dit que l’évolution de la gestion d’un hôpital, nécessitait des qualifications plus élevées : cadres administratifs, TSH, Ingénieurs. Vous avez ajouté que ces nouveaux postes coutaient plus cher. A la question de savoir si vous alliez les financer en supprimant des postes moins qualifiés, vous avez refusé de répondre. C’est pour cette raison que vous avez choisi le directeur des travaux pour participer aux négociations. Au total ce sont là aussi des emplois qui seront supprimés.
La réévaluation des moyens de remplacement c’est aussi l’obligation pour les salariés de prendre leurs congés à une période choisie. On voit que ce qui se profile c’est l’allongement de la période pour prendre les vacances d’été pour ne pas embaucher de remplaçants et faire des économies. Que cela ait des conséquences sur la vie privée des agents n’est pas votre préoccupation si vous pouvez faire des économies.
Les moyens de remplacement ce sont également les pools d’établissement que vous avez aussi dans le collimateur. Il y en a d’après vous à tous étages. Vous nous avez même fait la confidence que certains services faisaient appel au pool et en profitaient pour faire des activités avec les patients. Que vous ayez pu avoir une telle réflexion démontre que votre préoccupation n’est pas le soin mais seulement la maitrise comptable. En cinq ans de présence dans cet établissement il est effarant de considérer que vous n’avez toujours pas compris en quoi consistait les soins aux personnes que nous accueillons.
- Évolution des effectifs permanents. Ces derniers sont réservés aux stagiaires et titulaires de la fonction publique et sont théoriquement en nombre suffisant pour pouvoir faire fonctionner cet établissement. Les contractuels n’étant là que pour pallier aux absences de tous ordres. Depuis des années l’établissement a abusé de manière éhontée de l’embauche de contractuels sur des postes permanents, faisant ainsi de substantielles économies sur le dos de ces agents qui sont maintenus artificiellement dans la précarité.
Vous proposez une régression : Vous dites vouloir conserver les emplois permanents auprès des patients, mais vous ne parlez que des emplois permanents qui ne peuvent plus être réduit d’avantage que vous ne l’avez fait avec les effectifs cibles. Pour employer le langage managérial vous ne touchez pas au cœur du métier. Cette vision technocratique des emplois nécessaires pour faire fonctionner un hôpital tiennent plus de votre vision de l’hôpital entreprise plutôt que celle d’un hôpital où on vient recevoir des soins de qualité.
Nous avons à ce sujet apprécié le discours de départ du Dr Le Foll. Il fait preuve de lucidité sur les conséquences des politiques menés ces dernières années et que vous avez accompagné avec zèle :
Vous avez mis en place des pôles à vocation économique, non pour y faire de la médecine, mais pour décliner en interne avec des tableaux de bord et des objectifs, la politique venue d’en haut. J’ai le sentiment d’une pagaille et d’un immense gâchis ! Dans ce jeu de Calvinball permanent dont la règle est précisément que la règle change à chaque coup, les équipes se sentent mal menées, elles sont épuisées, elles doutent, elles perdent confiance, elles ont perdu confiance ! Comme après un tsunami…
Et vous voulez, monsieur le directeur aggraver encore la situation.
Pour agrémenter ce menu indigeste vous faites semblant de bien vouloir concéder quelques contreparties. La fraise sur le tas de fumier en quelque sorte.
Dans certains secteurs comme la MAS ou les EHPAD, pour rendre ces postes attractifs, vous seriez prêt à consentir à mettre en stage plus rapidement un certain nombre de contractuels. Ces mises en stage étant bien évidemment financées par les baisses de salaires énoncées plus haut et dont seront aussi victimes les futurs stagiaires. La manipulation est grossière et insultante à l’égard de celui qui y regarde d’un peu près. Il faut aussi vous rappeler puisque vous semblez l’ignorer, que les agents qui sont sur ces postes de la MAS ou des EHPAD n’ont pas choisi ces lieux de travail et que la question de l’attractivité tient aussi aux conditions de travail qui sont très dégradées dans ces sites.
Des augmentations salariales sont prévues pour revaloriser les salaires des catégories C. Avant même leur mise en application en février, vous avez décidé de leur reprendre ce qui leur a été accordé.
Pour justifier cette politique de casse sociale et vous donner bonne conscience vous invoquez la crise, la croissance molle, le chômage. Mais la politique que vous voulez mener dans cet établissement conduit à faire perdurer la croissance molle quand vous baisser nos salaires, à augmenter le chômage quand vous supprimer des emplois et finalement vous faites perdurer la crise qui va entrainer de nouvelles économies et ainsi de suite pendant des années si nous laissons faire.
Vous dites vouloir maitriser la masse salariale à hauteur de 80 % alors qu’elle était de 82% il y a quelques années. (85% ailleurs !) Vous nous avez fait, en réunion, des comparaisons avec le secteur MCO qui est moins dépensier en personnel. Encore une fois vous apporter la preuve que vous ne connaissez pas grand-chose à la réalité du travail en psychiatrie où c’est l’humain qui prime avant tout sans qu’il y ait besoin d’investissements couteux en matériel.
Vous dites vouloir négocier mais avant même de commencer vous avez déjà mis en place un programme de suppression d’emplois de contractuels dans de nombreux services. On leur dit de chercher dès maintenant du travail ailleurs : Vous pensez sincèrement qu’il y a beaucoup de travail ailleurs ?
Il faudrait que les économies de personnels financent les investissements immobiliers et servent à payer les prêts et les intérêts d’emprunts que vous aller rembourser aux banques. A titre d’exemple, cette année c‘est plus d’1 millions d’euros qui sont consacrés à rembourser ces intérêts, intérêts donc versés aux banques et payés par l’argent de la sécurité sociale qui devrait servir à soigner correctement les patients dont nous avons la charge.
Autre questionnement qu’il faut bien mettre sur la table : les mesures d’économies ne concernent que les emplois non médicaux et non directionnels. Il y a ceux qui sont impactés, ceux qui ne le sont pas du tout, ceux à qui cela peut profiter financièrement : nous savons en effet qu’une prime est réservée aux directeurs qui réussissent à faire passer les régressions sociales dans leurs établissements. A titre d’exemple, nous savons que le directeur de Pontchaillou a touché personnellement une grosse récompense quand il a supprimé 5 RTT à son personnel ! Alors mesdames et messieurs les négociateurs de la direction : Motivés ? Sans doute pas autant que nous !
Parmi ceux qui ne sont pas impactés directement, il y a le corps médical.
Des représentants de la CME ont été nommés au directoire de cet établissement. Ont-ils pu faire valoir leur avis sur cette politique menée par la direction ou n’est ce encore qu’une instance fantôme destinée à donner un vernis démocratique aux décisions du seul directeur ?
Alors nous attendons de la part du corps médical un soutien réel sans discours ni préambule sur la nécessité inévitable de faire des économies dans le contexte actuel de budget contraint…. Vos collègues de Caen ont su le faire pour aider à faire reculer le directeur.
Vous avez aussi évoqué le vote au parlement du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il est vrai que les prévisions de dépenses votées sont en régression comme jamais.
Ce vote au prétexte de diminuer les dépenses publiques va mettre artificiellement tous les établissements en déficit. Et vous êtes un des acteurs dévoué et sans état d’âme chargé de faire appliquer cette politique destructrice des acquis sociaux.
Une partie de la faible augmentation des financements destinés à la psychiatrie en 2013 ont été gelés pour pouvoir financer les dépassements d’activité des soins dans les hôpitaux généraux ! Ce qui a provoqué en partie notre déficit !
Vouloir s’en prendre à nos salaires c’est oublier ce que nous subissons depuis 10 ans : blocage des salaires depuis 2010. Désindexation des salaires sur l’inflation qui nous fait perdre 15% de pouvoir d’achat depuis 2000. Écrasement des grilles des catégories C : en 10 ans l’écart entre le premier échelon et le dernier de l’échelle 3, les plus bas salaires, a diminué de 130 euros !
Vous convoquez les statistiques et les moyennes pour justifier votre politique : vous ne retenez que ce qui vous intéresse : les dépenses en Bretagne qui sont supérieures à la moyenne nationale mais vous omettez ce qui ne correspond pas à ce schéma : l’an dernier, l’ARS a fait l’aveu que le CHGR était sous financé à hauteur de 9 millions d’euros par an.
Vous claironnez que les conditions de changement d’échelons sont exceptionnellement avantageuses au CHGR et que pour cette raison il faudrait que l’on revienne dans des moyennes raisonnables. Vous oubliez qu’au CHGR on est très largement au dessus de la moyenne nationale pour la durée de mise en stage. Au CHU de Rouen les infirmiers sont recrutés stagiaires.
Voilà pourquoi tous les arguments avancés pour nous faire admettre qu’il n’y aurait pas d’alternative à nous sacrifier sur l’autel de l’austérité ne fonctionnent plus. Nous ne voulons pas et nous ne ferons les frais de cette politique d’austérité imbécile que vous relayez avec zèle. Partout où elle est appliquée, les comptes publics censés se rétablir se sont dégradés entrainant de nouvelles mesures d’économie sur les dos des plus faibles, des services publics.
Il n’y a
- aucune raison d’accepter de perdre ne serait-ce qu’un seul jour de RTT,
- aucune raison d’accepter un ralentissement de nos carrières synonymes de perte de salaire,
- aucune raison d’accepter la diminution des pools de remplacement,
- aucune raison d’accepter des suppressions d’emplois.
C’est l’unité des personnels et des organisations syndicales qui le voudront, sur ces bases, qui pourra faire reculer cette direction
Nos vœux, c’est l’arrêt immédiat de ces projets de régression sociale. Nous ne sommes pas seuls à nous battre contre cette politique d’austérité imposée à l’échelle nationale. De nombreux établissements Psychiatriques sont actuellement en lutte pour les mêmes raisons. Il est possible de gagner.
Nous ne signerons jamais un accord qui entérinerait une régression sociale.
Soyons réalistes : demandons l’impossible !