SYNDICAT SUD SANTE SOCIAUX 35

PROTECTION DES SALARIES DU MEDICO-SOCIAL : LETTRE OUVERTE A L’ARS BRETAGNE

vendredi 27 mars 2020 par Sud Santé Sociaux 35

Monsieur le Directeur Général de l’ARS Bretagne

Notre organisation syndicale vous interpelle sur la situation spécifique des établissements médico-sociaux, publics et privés, du département : les EHPAD, bien sûr, mais également les MAS et les FAM.
Partout, nos équipes et représentants CHS-CT nous font remonter qu’ils sont confrontés au même discours concernant l’application stricte du confinement et la protection des agents, au-delà des mesures barrières standards qui sont déjà pratiquées

-  En matière de non respect du confinement au sein de l’EHPAD : non protégés de manière systématique par des masques, les agents demandent à ce que les repas ne soient plus donnés en salle commune, mais dans les chambres, afin de limiter les regroupements. Même si certains établissements espacent les résidents d’1 mètre, cela nous paraît constituer une mise en danger déraisonnable au regard de la situation spécifique des EHPAD

-  En matière d’insuffisance d’Equipements de Protection Individuels. Les directions s’abritent constamment derrière vos consignes, indiquant tantôt l’absence de nécessité des masques, tantôt le faible approvisionnement du stock.
Pourtant, le ministère lui-même dans sa communication indique que l’attribution de masques aux soignants est sa priorité. Nous attirons également votre attention sur ce communiqué extrêmement clair du MCOOR qui préconise urgemment le confinement strict en chambre des résidents et le port du masque systématique par les soignants des EHPAD

Le MCOOR souligne :

-  Que les résidents sont souvent contaminés par les soignants, les visites étant interdites depuis plus de 15 jours.
-  que les seniors en particulier connaissent des symptomatologies atypiques qui entraînent des retards diagnostiques et donc des délais dans la mise en confinement qui favorisent la diffusion du virus dans les établissements. Cette alerte a été signifiée par la DGOS elle-même dans un DGS-Urgent , comme le rapporte une dépêche des APM que nous vous joignons
Au regard de ces préconisations, de ces alertes, et de notre mission de représentation des salarié.e.s sur tout ce qui touche à l’organisation collective du travail et à leur protection, nous vous demandons instamment de les mettre en œuvre en Ille-et-Vilaine dans l’ensemble du secteur médico-social.

Nous insistons sur la situation du Centre Hospitalier de Saint-Méen et en particulier de son EHPAD, qui est tout à fait caractéristique de la manière dont est géré le risque épidémique.

Les représentants SUD au CHS-CT ont joué pleinement leur rôle en faisant remonter à la direction déléguée les inquiétudes des agents sur les deux points cités plus hauts (courriels joints). La Direction a volontairement retardé le moment de réunir le CHS-CT extraordinaire demandé, malgré l’interpellation officielle de notre syndicat (courrier et réponse jointe). L’instance se tiendra finalement ce jour, jeudi 26 mars, soit près de 15 jours après le début du passage en stade 3 et l’obligation générale de confinement. Pourtant une instance ordinaire était prévue le 23 mars, elle a été annulée, cette date aurait pu servir pour traiter de l’urgence. Encore du retard. A titre de comparaison, au CHU, des CHS-CT extraordinaires sont organisés depuis 15 jours sur un rythme hebdomadaire pour permettre l’échange et être réactifs sur l’évolution de la situation.

Nous en venons à vous exposer ce paradoxe insupportable : des soignants de Saint-Méen se sont vus remettre à titre personnel près de 3000 masques FFP 2, par une association qui devait les envoyer au Burkina-Fasso. Nos collègues n’ont qu’une envie, c’est de les utiliser pour protéger les résidents, pour se protéger eux-mêmes et leurs familles, pour pouvoir faire leur métier. Ils se sont tournés vers notre organisation syndicale pour savoir que faire, puisqu’ils savent que leur direction se retournera contre eux dès l’existence de ce stock connue.

Au vu de l’Etat d’urgence sanitaire, de la nature des masques, c’est en toute responsabilité que nous vous annonçons que ces masques seront malgré tout remis à la Direction du Centre Hospitalier de Saint-Méen, mais nous le faisons en prenant à témoin l’opinion publique par cette lettre : nous demandons que les soignants de Saint-Méen, comme de tous les autres EHPAD, des MAS et des FAM, soient protégés par le port du masque systématique dans les délais les plus brefs. La question de la gestion du stock ne peut plus être invoquée.

Nous sommes scandalisés que tout ce qu’il y a à opposer à nos collègues, ce sont des éléments de langage qui insultent l’intelligence et l’éthique soignante. C’est pourtant désormais l’ensemble du territoire national qui est en stade 3 de l’épidémie, la circulation active du virus. C’est sur l’ensemble du territoire qu’est déclaré l’état d’’urgence sanitaire. Faut-il attendre des drames, avec des dizaines de mort comme en Côte d’Or ? Vous ne pourrez pas dire, ni vous, ni le ministère, que vous ne saviez pas.

Puisque c’est votre autorité qui est engagée par les directions de tous les établissements médico-sociaux, c’est à vous que nous nous adressons. Vous ne testez ni les soignants, ni les résidents, vous n’incitez pas à traiter les résidents comme positifs lorsqu’ils présentent des symptômes. Des résidents fiévreux sont ramenés en salle commune sitôt la fièvre tombée. Vous avez raison, il n’y aura pas de malades. Il n’y aura que des morts, que l’on fera disparaître sans les tester, là encore.

A travers l’exemple du Centre Hospitalier de Saint-Méen, c’est bien la situation de l’ensemble des EHPAD et des établissements médico-sociaux du département qui nous inquiète. Aussi, nous vous demandons officiellement de revoir votre doctrine :

- sur la protection systématique des soignants des établissements médico-sociaux. L’annonce ce jour du passage de l’Ille-et-Vilaine en zone d’exposition à risque, qui amène le CHU notamment à faire porter un masque de protection à l’ensemble de ces agents, doit bien évidemment s’appliquer également aux EHPAD
- sur la question du confinement dans ces établissements, et d’en appliquer complètement la logique afin de mieux protéger les résidents, les soignants et leurs familles

Nous demandons que des CHS-CT, CSE ou CSSCT soient réunis dans tous les établissements aussi souvent que nécessaire, et conformément à la réglementation ; que l’ordre du jour en soit décidé conjointement par sa ou son président-e et sa ou son secrétaire. Nous vous demandons de donner pour consigne que les Dangers Graves et imminents déposés soient traités également conformément à la réglementation, sous le contrôle de l’Inspection du Travail.

Si aucune suite n’étaient donnée à la présente alerte, notre organisation syndicale considèrera votre responsabilité pleinement engagée, et nous en tirerons toutes les conséquences le moment venu.


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